mardi 24 avril 2012

"Reconnaissance du statut de salarié du journaliste"


Après vingt ans de bons et loyaux services, Yannick Bernardeau a décidé de ne pas se représenter comme correspondant régional de la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels. Diplomé du Cuej de Strasbourg, journaliste au Quotidien de la Réunion depuis 1982, il revient sur l'évolution d'une profession qu'il a suivie de près. Face à la précarisaion, la carte de presse demeure une reconnaissance du statut des journalistes.

Quelles évolutions avez-vous pu constater en tant que correspondant régional?

En vingt ans de mandat, l'évolution la plus significative reste la précarisation de la profession avec des revenus en constante diminution, l'abus des stages non rémunérés et des CDD avec délai de carence. Quand ce n'est pas le statut de travailleur indépendant ou d'auto-entrepreneur que certains employeurs imposent aux jeunes journalistes, notamment dans les radio et télévisions privées et la presse en ligne. Pour les employeurs, c'est tout bénéfice puisqu'il ne payent aucune charge patronale en violation de la loi Cressard sur les journalistes rémunérés à la pige. Rappelons que ces journalistes payés en honoraires sans charges patronales ne bénéficient ni du 13e mois, ni des congés payés, ni d'une véritable couverture sociale. Cela relève d'une fraude à la sécurité sociale, car le journalisme reste une profession salariée et cela peut même relever du travail dissimulé.

Qu'est-ce qui pousse certains médias à ne pas employer de détenteur de carte, voire à déconseiller leur obtention?

La carte de presse marque la reconnaissance du statut de salarié du journaliste. Certains employeurs ne veulent donc surtout pas en entendre parler et ils n'hésitent pas à licencier ceux qui en font la demande ou l'obtiennent. Précisons que même si son employeur lui refuse de signer le certificat à joindre à la demande, un journaliste peut obtenir sa carte de presse s'il exerce sa profession selon les critères fixés par le Code du travail. Car c'est bien la commission et non pas l'employeur qui délivre la carte.

Quel a été votre rôle au sein de la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels (CCJIP)?

Le rôle du correspondant régional est de mener sur le terrain une enquête permettant de vérifier si les demandeurs de carte de presse exercent bien la profession de journaliste, tel qu'elle est codifiée par l'article L.7111-3 du Code du travail: "est journaliste, professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources."

Cette définition est-elle si facile à appliquer?

Le problème c'est que cette définition du journalisme date de 1935 et que notre profession a depuis connu d'importants bouleversements dans ses techniques, ses supports (radio, télévision, presse en ligne) et ses modes d'exercice. "De plus, la définition axée sur les conditions économiques et sociales ne dit pas non plus ce qu'est le travail du journaliste au quotidien. Or c'est bien le critère numéro un pour apprécier qui est journaliste professionnel ou pas. C'est pourquoi une instance composée de professionnels (journalistes et dirigeants de presse) est irremplaçable" rappelle le président SNJ de la commission Eric Marquis. Dans son livre "Obtenir sa carte de presse et la conserver" (Victoire Editions), Olivier Da Lage avance même que " par ses décisions sur les "cas-limites", la commission définit les frontières de la profession" .  Comme les autres correspondants régionaux, celui des Dom-Tom reste un maillon indispensable dans l'attribution des cartes de presse et le respect du statut de notre profession.

La zone Outre-mer est vaste, deviez-vous couvrir l'ensemble de la zone?

Pour des raisons de proximité, les correspondants titulaire et suppléant se sont partagé la vaste région Outre-mer. A ma collège de Guadeloupe 1ère Linda Gauthier-Naudin , le soin de traiter les demandes émanant de la zone Atlantique (St-Pierre et Miquelon, Antilles et Guyane). A moi celle de suivre toute la zone Pacifique (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna) et océan Indien (Réunion et Mayotte). Ce partage entre presse écrite et audiovisuel et régions géographiques devrait se poursuivre si nos candidats, Flavien Rosso (Quotidien de la Réunion) et Olivier Lancien (Guadeloupe 1ère) sont élus. Ce dont je ne doute pas puisque le SNJ fait généralement son meilleur score Outre-mer.

Vous est-il arrivé de donner des avis défavorables sur l'attribution de certaines cartes?

Les demandes émanant dans leur grande majorité de journalistes professionnels exerçant dans des médias (radio-télé, journaux) reconnus, j'ai très peu souvent émis d'avis défavorable. Précisons qu'il s'agit d'avis, mais que la commission de 1ère instance reste libre de suivre ou non l'avis des correspondants régionaux.

Il y en a eu?

Cinq cas ces trois dernières années. Deux en 2009, un concernant un rédacteur publicitaire travaillant en indépendant pour le gratuit d'un quotidien et l’autre une collaboratrice du magazine d'une compagnie aérienne, avis finalement suivis par la commission. Un en 2010 concernant un animateur assurant les informations routières sur une radio, auquel la commission a finalement attribué la carte de journaliste. Enfin deux en 2011 : le premier concernant la personne assurant la rubrique et les pages courses hippiques d'un quotidien, auquel la commission a là aussi décidé d’attribuer la carte, et l’autre pour le même rédacteur publicitaire travaillant en indépendant pour un gratuit, auquel la carte a de nouveau été refusée.

Pourquoi selon-vous, les journalistes qui exercent dans les règles doivent demander ou renouveler leur carte?

Dès lors qu'il a trois fiches de paye ou trois mois de piges, tout journaliste doit impérativement demander sa carte de presse. Elle lui servira non seulement dans l'exercice de son métier, notamment dans ses relations avec les autorités, mais surtout à faire valoir ses droits (13e mois, congés payés, ancienneté, clauses de conscience et de cession) inscrits dans la convention collective nationale des journalistes. Ceux qui ont la chance d'en bénéficier doivent bien évidemment la faire renouveler chaque année, même en cas de perte d'emploi, car pour les aider à retrouver du travail, la commission délivre une carte aux chômeurs pendant deux ans.

Nicolas Bonin

1 commentaire:

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