dimanche 23 septembre 2012

Pour maître Creissen, un journaliste ne peut pas secourir une personne agressée.

Vendredi le SNJ Réunion - Océan Indien écrivait à la bâtonnière pour lui faire part de "sa plus grande surprise face à l'absence de réaction" d'une personne exerçant "une profession attachée à défendre les droits des justiciables", en l'occurrence maître Philippe Creissen, avocat du député-maire de Saint-Leu, et présent à ses côtés lors de l'agression de nos confrères samedi 15 septembre. L'intéressé n'a pas tardé à réagir… Entre minimisation sinon exonération des faits, rejet d'une responsabilité pourtant prise -et enregistrée (Cf. vidéo)- du député-maire, sa réponse ne manque pas d'intérêt.

1) Il n'y a jamais eu d'agression

Pour maître Creissen, il n'y a pas eu d'agression mais une "bousculade", simple "désordre d'une foule" selon la définition. Malheureusement, les vidéos et photos sont là pour témoigner des appels -insistants- du député-maire de Saint-Leu à sortir les journalistes du JIR, de l'intention d'agir des intéressés et de la violence de leur action, inexcusable sur un représentant de la presse, libre en démocratie.

2) Une simple expression militante

La "bousculade" serait intervenue entre un journaliste et "un" (seul) sympathisant de l'homme politique, "qui s'exprimait". Que dirait-il si les journalistes décidaient demain de troquer leurs éditos par ce mode d'expression ? Il est permis de douter que maître Creissen maintienne alors son interprétation…

3) Citoyen ou journaliste, il faut choisir !

Lorsqu'Edouard Marchal s'interpose entre les militants du député-maire de Saint-Leu et Maïmouna Camara, il "n'était plus un journaliste à cet instant". Journaliste ou citoyen, il faudrait donc choisir son camp..! Visiblement, maître Creissen souhaite passer un message aux journalistes : soyez sages à nos conférences de presse... Sinon, on vous sort et on ne peut pas vous protéger….

4) Cherchez ailleurs

Maître Creissen doit tout de même savoir qu'il va un peu (trop) loin, puisque dans une tentative pour minimiser les faits il croit pertinent de faire état "d'une ITT d'une journée" - notre confrère a, en fait, eu 3 jours d'ITT. Ce serait aussi oublier un peu vite les intimidations, l'injonction faite aux journaliste du JIR -dans un lieu public- de sortir, bref d'avoir porter atteinte à la liberté de la presse, fondement de toute démocratie. Philippe Creissen croit aussi bon de mentionner la proximité des forces de l'ordre "à quelques mètres de votre collègue", oubliant qu'elles étaient à l'extérieur de la tente quand lui-même avait un point de vue privilégié sur l'agression en même temps qu'il avait l'oreille du député-maire de Saint-Leu, et qu'il lui aurait été facile de faire cesser toute action sur une simple injonction.

5) Complot de la presse

Décidément à la recherche de tous les arguments possibles, l'avocat Philippe Creissen termine sa missive par une critique des forums Internet et accuse le SNJ ("vous") de retirer "chaque jour, les profits publicitaires qui accompagnent la consultation des sites par le public", attribuant curieusement au syndicat la propriété des titres de presse réunionnais. Heureusement nos confrères, eux, savent à quoi s'en tenir.

Pour finir, dans une tonalité à l'image de l'ensemble de son courrier, l'avocat affirme rester "à votre disposition pour débattre de la manière dont vous exercez votre liberté qui n'est pas sans limite". A l'avocat qui parle de "limite" à la liberté de la presse, notre syndicat se contentera d'un rappel de la loi, en l'occurrence l'article 431-1 du code pénal qui dispose que "le fait d'entraver, d'une manière concertée et à l'aide de coups, violences, voies de fait, destructions ou dégradations au sens du présent code, l'exercice d'une des libertés visées à l'alinéa précédent [l'exercice de la liberté d'expression, du travail, d'association, de réunion ou de manifestation] est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45000 euros d'amende".

Maître Creissen formule ensuite une demande : "donner à ma réponse une publicité équivalente à celle que vous donnez à votre lettre en sollicitant Madame le bâtonnier". Voilà chose faite !









Le bureau du SNJ

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