samedi 28 octobre 2017

Le SNJ ne veut pas d’antisémitisme au JIR !


Le Syndicat national des journalistes a déjà dénoncé la récente dérive déontologique du Journal de l’île de La Réunion. Les lecteurs viennent d’en avoir un nouvel exemple : la rubrique « Kanyardages » du jeudi 26 octobre 2017 propose un court article titré « Il n’était pas un peu juif ce mec-là ? ».
Ce petit texte fait l’amalgame entre le coût de deux écrits d’Albert Einstein (dont le montant n’est pas précisé), le jugement « ça fait cher de la main manuscrite au plan symbolique » et le rappel de la judéité du scientifique.
Dès la parution du JIR ce jeudi matin, de nombreux journalistes de La Réunion s’en sont indignés. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont fusé. Même si l’auteur de ces lignes s’en défend, il s’agit d’une formulation typiquement antisémite. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a annoncé le jour même qu’elle saisissait la justice.
Premier syndicat de la profession, le SNJ rappelle son attachement aux valeurs républicaines. Relayant l’indignation des confrères et consoeurs réunionnais, le SNJ exige des explications du propriétaire du journal Abdul Cadjee, et de la direction du JIR, sur cette nauséabonde dérive éditoriale.

Lire le communiqué d'origine sur le site national du SNJ.
Lire le communiqué de soutien de la section SNJ de L'Union/L'Ardennais:


Le SNJ invite tous les journalistes de La Réunion à sa journée de sensibilisation aux valeurs républicaines, samedi 4 novembre à Saint-Denis. Attention, inscription nécessaire.

dimanche 22 octobre 2017

Syndiquez-vous!

Sans adhérents, un syndicat n'a plus de sens. Et ça fait rigoler les patrons, les institutions, les élus et les pouvoirs publics. C'est d'ailleurs une antienne : "Ouais, y a un peu de monde dans la rue, mais au fond, c'est qui ? Trois permanents syndicaux et cinq privilégiés affolés à l'idée qu'on supprime leur surrémunération." Un syndicat qui peut revendiquer un nombre d'adhérents important est plus fort, plus crédible et plus solide.
Sans adhérents, un syndicat n'a plus de ressources, ne peut plus financer les formations de ses militants, leurs déplacements pour se rendre à des négociations, les avocats qu'il consulte et qui plaident pour les journalistes en difficulté.
Quelques rappels :
1) Le SNJ est le premier syndicat de la profession, rang attesté par les élections à la Commission de la carte.
2) Oui, c'est donc bien un syndicat, un de ces repaires de gauchistes, de révolutionnaires, d'archaïques défenseurs des travailleurs, d'opposants aux patrons, de batailleurs du Code du travail, de procéduriers prud'homaux, de négociateurs des accords de branche ou d'entreprise, d'érudits de la jurisprudence, de conseillers éclairés des salariés, de pas copains du tout avec Macron, etc. Mettez-y l'appellation que vous voulez. N'empêche, les syndicats font partie des derniers contre-pouvoirs au libéralisme ambiant. Ce sont les seules organisations reconnues par la loi pour porter la parole de ceux qui travaillent pour des salaires de plus en plus minables et dans des conditions de plus en plus précaires. N'ayez aucun doute : sans eux, la situation serait pire encore. Certes, il est toujours possible de créer un collectif. Mais nos chers employeurs n'ont aucune obligation de tenir compte de ses positions, ni même de le recevoir, ni, a fortiori, de négocier avec lui.
3) Le SNJ n'est rattaché à aucune grande centrale syndicale et, de ce fait, ne reçoit aucun subside de l'Etat (l'Union syndicale Solidaires n'a donc pas droit aux aides que reçoivent les centrales syndicales). Sa seule source de financement vient des cotisations des adhérents (au SNJ, les legs ne représentent pas bézef…).
4) Les personnes, qui répondent aux journalistes qui font appel au SNJ, sont toutes elles-mêmes journalistes, syndiquées et, en plus, militantes. Elles le font à titre gracieux, bénévole, gratuit, désintéressé, en plus du boulot pour le remplissage de frigo…
5) Le budget du SNJ sert à payer essentiellement
- les deux postes et demi de ses secrétaires administratives à Paris,
- les procédures menées par des journalistes quand le syndicat décide de les soutenir,
- les déplacements de ses militants quand ils se réunissent ou se rendent à des négociations ou représentent les journalistes dans différentes instances,
- les formations qu'ils suivent pour rester informés des joyeuses innovations que nous concoctent nos gouvernants...
L'érosion des adhérents se traduit donc automatiquement par une réduction de son budget. Et donc par moins de déplacements, moins de formations, moins d'accompagnements devant les tribunaux, moins de temps à consacrer à la défense des droits des journalistes.
En résumé, LE SNJ A UN BESOIN VITAL D'ADHÉRENTS. Avant de mourir, pensez à mentionner le SNJ sur votre testament. Et mieux encore, SYNDIQUEZ-VOUS, bon dieu !


(Merci à nos camarades de l'excellent groupe Facebook "Infos pigistes SNJ", que nous recommandons à tous nos confrères/consoeurs pigistes). 

vendredi 20 octobre 2017

Condoléances à la famille Hoareau

Aude-Emmanuelle Hoareau (photo de son profil Facebook)
Elle répondait patiemment à toutes les questions des journalistes. Aude-Emmanuelle Hoareau était connue de beaucoup d'entre nous, par les interviews accordées et par les livres qu'elle avait publiés. Elle nous a quittés trop tôt, à l'âge de 39 ans, samedi dernier. Notre syndicat s'associe à la douleur de ses proches, notamment de son père Armand Hoareau, très connu des syndicalistes réunionnais, qui a longtemps été secrétaire général de l'Unsa-Réunion. Nous lui adressons nos plus sincères condoléances.

samedi 7 octobre 2017

Congrès SNJ à Toulouse: non à l'ubérisation!

Le 99e congrès du Syndicat national des journalistes avait pour thème la dangereuse "ubérisation" (*) de notre profession. C'est-à-dire la précarisation rampante et multifaces de notre métier. Certains journalistes n'ont connu que des postes précaires, malgré leurs diplômes et leur investissement professionnel. Comme chaque année, la section Réunion-océan Indien était représentée à ce congrès pendant les trois jours de débats.
L'ubérisation gangrène même les médias bien structurés. Ce vendredi 6 octobre, environ 80 journalistes ont manifesté devant l'entrée de la Dépêche du Midi. Car la direction de ce journal a licencié trois confrères qui ont eu le tort de demander leur carte de presse. Alors que la Convention collective nationale du travail des journalistes exige des employeurs qu'ils ne recrutent que des journalistes ayant demandé leur carte! Tous les congressistes ont bruyamment manifesté leur solidarité aux confrères injustement licenciés. Lire également le communiqué national.
  

Rassemblement devant la Dépêche du Midi. (Photo DR/SNJ)

Les ordonnances Macron ont également  fait l'objet de nombreux débats, à la fois dans un atelier animé par Richard Abauzit (ancien inspecteur du Travail, militant à l'union nationale Solidaires) et en séance plénière. La nocivité de ces textes est parfaitement démontrée. Les militants du SNJ feront évidemment le maximum pour informer leurs confrères des conséquences dans nos entreprises.
Face à l'ubérisation, que pouvons-nous faire? Résister, comme nous l'avons rappelé mercredi soir lors du débat public. Un employeur voulait transformer une rédaction en plate-forme, avec des auto-entrepreneurs munis d'ordinateurs pour rédiger. La rédaction s'est rebellée... et a fait plier le patron. "Il faut faire parler la poudre" a résumé notre confrère de la Voix du Nord. 

A gauche, Jean-Luc Morruci présente le Syndicat des travailleurs corses. Avec lui, Emmanuel Poupard (secrétaire général du SNJ) et Vincent Lanier, premier secrétaire général.

(*) Ubérisation: néologisme issu du nom de l'entreprise Uber, évoquant une concurrence sauvage dans tous les métiers, avec remplacement des salariés par des travailleurs indépendants et pauvres.


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Qualité de l'information : retrouver le sens du collectif

Le journalisme est une profession en perte d’identité. Une identité que seuls les journalistes peuvent restaurer. La confusion entre information et communication porte aussi bien sur le mélange des genres entres marketing, publicité et information que sur le mélange des rôles entre journalistes, politiques, animateurs, chroniqueurs etc... Contrairement à ces derniers, l'objectif unique des journalistes est l'intérêt du public à être honnêtement informé. Cet intérêt a pour corollaire la qualité de l’information.

Cette qualité passe par le respect de la charte d'éthique professionnelle des journalistes : « Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme (....) l’information. Il ne peut se confondre avec la communication ». Elle rappelle aussi que « son exercice demande du temps et des moyens quelque soit le support. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mis en œuvre des conditions d’exercice qu’elles nécessitent. La notion d’urgence (...) ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources ».
Aujourd’hui, les intérêts économiques et particuliers s’opposent bien souvent à ces principes. Le SNJ appelle toutes les rédactions à bien prendre en compte les enjeux de cette situation, à respecter et faire respecter les fondamentaux de la pratique de notre profession, seul moyen de retrouver la fierté de son exercice et la confiance du public.
Cela passe par la défense ou le retour à une vie collective des rédactions. Cela suppose des échanges répétés avec les confrères tant sur le choix des sujets que sur leur réalisation et éventuellement sur la critique du travail produit, donc la réhabilitation de vraies conférences de rédaction ouvertes à tous les journalistes. Le SNJ s’oppose à l’éclatement des rédactions en entités distinctes (web, papier...etc) qui fragilise la qualité des contenus quand il ne s'accompagne pas des moyens matériels et humains adéquats et si tous les journalistes n'y bénéficient pas des mêmes garanties contractuelles. Le SNJ réaffirme l’indispensable reconnaissance juridique des équipes rédactionnelles.
La pression de l’immédiateté, la production multimédia imposées par les directions favorise l’erreur et le risque de mélange des genre. De même on ne doit pas exercer notre métier sous la pression de l’audience ou du « clic ». Une pratique qui se répand dans les rédactions où le journaliste est souvent contraint d’orienter son travail en fonction des mesures d’audience en direct. Le SNJ demande la déconnexion totale des salles de rédaction de ces mesures d’audience instantanée. Sourcer l’information, préciser les conditions de sa production, la contextualiser, séparer les faits des commentaire restent les pratiques de base garantes de la qualité. Contrairement à ce que certaines directions tentent d’imposer, les journalistes ne sont pas des producteurs de contenu destinés à rentabiliser les contenants.
Toulouse, le 06 Octobre 2017