Au congrès SNJ du Val-Joly: pigistes, PSE, garantie sécurité reportage, informer sans discriminer...

Le 96e congrès du Syndicat national des journalistes s'est déroulé au Val-Joly (Nord de France) du 8 au 11 octobre. La section Réunion-océan Indien y était représentée par sa secrétaire Véronique Hummel. On vous fera grâce des formalités (discours introductif, élections au bureau national, rapport des commissions, résolution finale...). Pour ceux que ça intéresse, nous les renvoyons au site national.
Voici un résumé subjectif des travaux des quelque 140 délégués. Voir aussi le compte rendu express déjà mis en ligne sur ce blog.

- "L'internationalisation de l'information et des groupes de presse" était le thème du débat d'ouverture du congrès, au théâtre de Fourmies. On ne vous refait pas le débat en quelques lignes... Sachez seulement que nous vivons trois accélérations en même temps: celle du temps, celle de la globalisation, et celle de la dématérialisation-rematérialisation. Et oui, alors que certains délocalisent les emplois, d'autres les relocalisent. Par exemple, l'imprimante 3D permet de relocaliser les emplois de prothésistes dentaires en France. Conclusion: même en difficulté, le métier de journaliste a de beaux jours devant lui, avec une mission de "prescription".

Emmanuel Druon au congrès du SNJ.
- Le papier n'est pas mort, c'est un fabricant d'enveloppes qui nous l'a dit. Emmanuel Druon, patron de l'entreprise Pocheco à Forest-sur-Marque, nous a raconté comment il a modernisé son entreprise, fait la chasse aux différentes formes de souffrance au travail, créé des emplois, planté des arbres dans son usine, instauré une politique de formation permanente pour fabriquer des enveloppes en papier adaptées aux besoins des banques, compagnies d'assurances, opérateurs téléphoniques... "Cela fait 40 ans qu'on nous dit que le papier va crever. Nous sommes à contre-courant, et nous sommes toujours là" témoigne fièrement l'auteur du livre Perdre sa vie à la gagner? Beau message d'espoir pour la presse en général, qui doit s'adapter aux technologies numériques sans s'avouer vaincue.

Atelier PSE dans une salle de l'ancienne mine de Marcinelle (Belgique).

- Savoir utiliser la loi LSE, c'est ce que nous avons tenté d'apprendre dans l'un des nombreux ateliers de ce congrès. La "loi de sécurisation de l'emploi" du 14 juin 2013 comporte de nombreux pièges, notamment en cas de PSE (plan de sauvegarde de l'emploi). Désormais les élus et délégués syndicaux auront moins de temps pour négocier; ils devront faire le maximum pour anticiper. Une trentaine de congressistes ont participé à cet atelier, qui s'est tenu dans l'éco-musée construit sur le site de la mine de Marcinelle (Wallonie), théâtre d'une catastrophe minière en 1956.

- La "garantie sécurité reportage" est proposée aux journalistes par la mutuelle Audiens. Elle ne remplace pas l'obligation de l'employeur d'assurer ses reporters. Mais elle permet à des journalistes, indépendants ou non, de souscrire une assurance en cas d'accident ou de décès. Cette garantie a (malheureusement) déjà été utile à quelques confrères, dont un photographe tué en Syrie: sa famille a pu être indemnisée. Cette garantie n'est pas liée à la possession d'une carte de presse. Le SNJ, représenté au conseil d'administration d'Audiens, incite les journalistes (qui partent en reportage à leur initiative personnelle, à la Réunion ou ailleurs), à souscrire cette assurance. Renseignements sur le site d'Audiens.

- Les pigistes connaissent encore trop mal leurs droits. Le congrès du SNJ a rappelé la nécessité de mieux les défendre, et de mieux les informer. Attention notamment aux abattements sur le cotisations sociales, présentés systématiquement comme un avantage pour le salarié. Pour les pigistes c'est un véritable piège, avec des indemnisations de maladie et de maternité ridiculement basses. Pour des infos pratiques voir aussi le site d'Audiens.

- "Pour un statut d'entreprise de presse à but non lucratif", c'est l'un des chevaux de bataille du SNJ. Ce statut est destiné à faciliter la reprise des entreprises de presse d'information générale et politique par leurs salariés, afin de contrer l'évolution strictement financière des groupes de presse, qui se concentrent au détriment de la diversité et du pluralisme.

- "Informer sans discriminer", c'est le titre de la brochure élaborée par l'Association des journalistes lesbiennes gays Bi-e et trans. Notre consoeur Alice Coffin, l'une des conceptrices du document, nous l'a présenté. On y trouve des informations juridiques (traiter quelqu'un d'homophobe peut être diffamatoire dans certains cas...), sémantiques (un travesti n'est pas forcément un "trans"), déontologiques (ne pas réutiliser n'importe comment des photos de la "Marche des fiertés")... Quelques clichés volent en éclat... et c'est tant mieux pour notre métier. Renseignements à l'AJL.

- Le SNJ en lien avec l'histoire syndicale et sociale. Comme le congrès du SNJ a lieu chaque année dans une région différente, c'est l'occasion de visiter des lieux de mémoire. En 2014, nous avons ainsi vu l'éco-musée de Fourmies, avec les machines à fabriquer le célèbre fil de laine qui a fait la prospérité de la ville, également connue pour une sanglante répression. Petite visite aussi à l'atelier-musée du verre à Trélon, puis à l'ancienne mine de Marcinelle (Wallonie). En 2015, nous serons à Marseille pour un congrès axé sur les relations entre les rives de la Méditerranée.
Arrivée sur le site de l'ancienne mine de Marcinelle, site de la catastrophe du Bois-du-Cazier en 1956. 
Au musée du Bois-du-Cazier. La pyramide a-t-elle vraiment changé en 2014?
On n'obtient rien sans lutte, semble dire cette affiche du musée du Bois-du-Cazier.
L'essor de la presse au XIXe siècle. Au XXIe siècle cela a bien changé, et l'information intéresse toujours nos concitoyens.

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